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Le préalable écologique pour un pacte économique
Il est aujourd'hui frappant d'entendre que la solution de tous nos maux réside dans une croissance retrouvée : pour qu'enfin nous re-consommions encore plus. Plus de matières premières, plus d'énergie, plus de déchets, plus de gaz à effet de serre. Le salut passerait par là ! Le taux de renouvellement d'un téléphone portable en France est de 7 mois ! Passons à 5 ! C'est bon pour la croissance, bon pour l'économie. Peu importe que cette fuite en avant soit destructrice : mordons à pleines dents !
Oui mais voilà, nous savons, nous autres écologistes, que les ressources s'épuisent. Nous savons que déjà la Chine accapare les terres rares, ces matières premières devenues vitales pour les NTIC. Alors si nous devons poser un nouveau pacte économique, il sera écologique. Il devra passer par une nouvelle comptabilité gobale, intégrant et dépassant le seul PIB. Celle-ci doit prendre en compte les externalités négatives d'une part. Ce qui n'est pas compté aujourd'hui : le CO2, bien sûr, mais aussi les atteintes à la biodiversité, la destruction du tissu social, la destruction définitive des matières premières ou encore la transmission aux générations futures de déchets que nous ne savons pas gérer.
Mais une comptabilité nouvelle passe aussi par la prise en compte des externalités positives : l'entreprise qui investit en R&D sur les nouvelles technologies environnementales, celle qui a une politique sociale forte qui assure une vraie parité, celle qui anime un réseau associatif local doit être encouragée. Nous ne pouvons plus nous en tenir à un discours sur le Bien ou le Mal pour laisser au final le malin, le fraudeur, celui qui joue avec les limites être le gagnant. Nous devons donc assurer la plus grande visisbilité et la plus grande reconnaissance aux PME qui oeuvrent chaque jour dans leur bassin d'emploi, animent le tissu social, assurent des salaires décents à leurs employés. Oui car ce qui fait la différence entre l'Allemagne et la France, c'est aussi ce tissu de PME fortes à l'exportation que l'Allemagne possède et que nous n'avons plus, obsédés comme le furent les gouvernements successifs pendant 40 ans à créer des champions nationaux dirigés par des énarques et polytechniciens.
Nous avons besoin d'une nouvelle comptabilité pour une nouvelle donne économique. Mais cela ne suffira pas. Nous ne devons pas changer la règle du jeu mais bien changer de jeu. Muhammad Yunnus ne parle-t'il pas de réinventer le capitalisme avec un capitalisme social qui recherche la création de plus value sociale commune ? Et plus près de nous, l'ecpérience des coopératives n'est-elle pas à redynamiser. Cette nouvelle donne sociale passe par la création de richesse immatérielle : vivre ensemble, nous développer ensemble, nous épanouir ensemble. Avec quels moyens ? Mais n'est-ce pas là un formidalbe levier de transfert d'argent public et privé ? Imaginons un instant que la CDC, l'Etat ou des entreprises privées via leur fondation investissent dans des projets de capitalisme social dont les dividendes vont à la réussite d'une mission sociale ? Impossible ? Mais que fait Danone au Bangladesh avec la Graeen Bank ? Du capitalisme social !
Extrait du "Pacte économique" de CAP 21 - mai 2010.